Un espace à soi explore les tensions entre la vie d’artiste et le rôle de mère, relatant les aléas du quotidien et les douceurs qui en émanent. À travers ses images, Karine van Ameringen raconte l’intimité de sa relation maternelle, où son propre corps et celui de ses garçons deviennent les symboles de cette quête d’équilibre. Entre fiction et réalité, injonctions et démesures, épuisements et ironies, surgissent des fragments de vie, telles de petites histoires enclavées.

Depuis la naissance de ses garçons, l’artiste s’intéresse à leurs façons de cohabiter. Animée par l’envie de rendre tangible son expérience de mère, souvent vécue comme une dépossession de soi, elle en fait la substance de son travail. Son corps devient alors un territoire partagé investi par ses enfants, tour à tour refuge rassurant, arbre à grimper ou piste d’atterrissage. Les pièces de la maison se transforment elles aussi en terrains d’affrontements et d’occupations.

Coincée entre ses obligations et ses rêves, elle invente des interstices au cœur même de ce qui l’entoure. Son esprit s’attache aux matières les plus triviales, qu’il érige en espaces vacants. Tupperware, paquets de chips et vêtements deviennent ainsi des bulles de voyage, de nouveaux paysages où déposer ses chimères. Les œuvres abstraites qui s’en dégagent traduisent l’aspect élémentaire de ces objets, en explorent la singularité lumineuse, tout en déployant la couleur comme une matière façonnable. Une manière de sublimer la banalité.

L’art s’impose ainsi comme un acte nécessaire, une résistance à l’engloutissemen du quotidien. Dans le partage et la dérision, le corps devient un espace d’exploration.

« Je crée pour ne pas sombrer, entre les lessives, le ménage, les repas et les demandes incessantes. Je crée avec mes garçons, pour l’amour du jeu, en dépit des débordements. J’interroge nos corps dans l’espace, nos corps comme espace en soi, le corps comme espace à soi. »

Le travail de Karine van Ameringen est ancré dans le quotidien et caractérisé par des autoportraits performatifs, des paysages inventés et le détournement d’archives familiales. Il dessine les contours d’une mythologie personnelle traversée par des enjeux de filiation, de genre et d’exil. Les objets qui s’amoncellent, les espaces qui l’imbibent et les corps qui se heurtent à la vie sont autant d’éléments qui habitent ses images. La couleur guide et influence la construction de ses œuvres, qu’elles soient figuratives ou abstraites.

BIOGRAPHIE

Suite à des études en art numérique à l’Emily Carr Institute of Art and Design de Vancouver ainsi qu’à l’Université du Québec à Montréal, Karine van Ameringen cofonde la maison de production Les glaneuses, avec laquelle elle signe la production, la réalisation, l’image et le montage de plusieurs courts et longs métrages documentaires. Ses films, primés à plusieurs occasions, voyagent dans divers festivals à travers le monde. Son parcours créatif la conduit ensuite en France, où elle se consacre aujourd’hui à l’image fixe. En 2024, elle est lauréate de Matière vive, le programme d’accompagnement porté par le Pôle arts visuels des Pays de la Loire, ce qui lui permet d’approfondir ses recherches et de présenter ses premières expositions à Angers et à Nantes. Karine vit à Clisson et travaille à Cugand au sein du collectif Papier sensible.

Nous remercions le Conseil des arts
du Canada de son soutien.